La prévention des risques psychosociaux
Journée de formation CHORUM menée par le cabinet APTEIS
Qu’est ce que la santé ?
Santé, bien être physique mental et social.
Depuis les années 1950, santé n’est pas seulement le corps, également mental, affectif, psychique.
Théories de Candilem : santé en modèle dynamique. Être en bonne santé revient à savoir réagir à son environnement. Adaptation.
Santé n’est pas l’absence de maladie mais c’est être en capacité, en ressources pour pouvoir guérir si l’on tombe malade. Tomber malade provoque des modifications, la personne ne revient pas à son état initial quand il guérit.
Santé : capacité à s’adapter aux agressions venant de son environnement sans prélèvement sur ses capacités vitales.
Risques professionnels et prévention des risques
Dans l’univers du travail, la responsabilité de l’employeur est engagée.
Principes généraux de prévention : Le salarié est en position de subordination. L’employeur est du coup chargé de limiter les risques professionnels pour son salarié.
1/ Le risque : Croisement d’une situation dangereuse et d’un salarié est un risque.
Logique de prévention est de limiter ces croisements.
2/ Évaluation des risques professionnels : document unique
3/ Principe de l’adaptation du travail à l’homme, plus facile de modifier les postes plutôt que de modifier les professionnels.
4/ Favoriser les mesures de réduction collectif plutôt que d’agir de manière individuelle. Exemple de la réduction du bruit : bouchon dans les oreilles pour chaque salarié est peu adapté par rapport à une réduction du bruit à la source.
L’employeur reste responsable des actions déviantes de ses salariés, à lui d’empêcher le développement de pratiques qui sont contraires à la prévention.
Les trois formes de la prévention
- Primaire : Risque est une probabilité ? Question n’est pas de faire un calcul de cette probabilité mais de concevoir de manière qualitative comment une situation de travail peut déboucher sur un accident. Cas des maladies professionnelles dont les effets sont à long terme (posture, poste de travail). Il ne s’agit pas d’attendre que la maladie ou l’accident arrive. La prévention revient à estimer que la situation professionnelle peut générer une situation à risque et doit permettre d’éviter cette situation à risque.
- Secondaire : protection quand on sait que le danger va être réel. Ex de mettre des gants aux personnels de service quand elles manipulent des produits d’entretiens toxiques.
- Tertiaire :
Législateur oblige l’employeur à avoir des résultats dans sa politique de prévention.
Outil du document unique.
Les risques dits « psycho sociaux »
Ces risques ont des conséquences sur d’autres risques. Par exemple, générer du stress au travail provoque un renforcement de risques autres tels les troubles musculo squelettiques.
Cas du « Burn out ». Le professionnel oublie sa propre sécurité quand l’essentiel du poste revient à s’occuper d’autrui. Epuisement du salarié par ce que la charge de travail est inadapté. A un moment, quelque chose éclate. Ce n’est pas une usure du professionnel mais un débordement des capacités.
Harcèlement : notion compliquée qui ne peut être décrétée que par un juge. C’est la rencontre d’un bourreau et une victime. Souvent trouve sa source dans l’organisation du travail qui ne permet pas la régulation.
Risques psycho sociaux viennent souvent en dernier après l’établissement des risques physiques. Difficile à établir. Demande du temps pour analyser les situations.
Possible de planifier le document unique sur plusieurs années, premières années sur les risques physiques puis prendre du temps pour les risques psycho sociaux.
- Symptomes individuels :
- a/ nervosité, conflits,
Quand il y a des conflits dans le monde du travail, c’est que les procédures pour éviter les conflits ont été débordés. Situation anormale.
- b/Atteintes à la santé : troubles du sommeil, etc.
Possible de faire intervenir à ce niveau le médecin du travail.
Médecin du travail doit fournir une fiche d’entreprise dans lequel il liste l’ensemble des dangers auxquels les salariés sont exposés et les types de surveillance médicale qu’il doit faire. Il doit remettre un rapport annuel sur l’état de santé des professionnels (plus de 300 salariés)
- c/Atteintes physiques
- Symptomes collectifs :
- baisse de la productivité ou de la qualité.
- Augmentation de la productivité à court terme.
- Taux d’absentéisme et/ou le surcroît d’arrêt maladie. Cependant, un faible taux d’absentéisme ou d’arrêt maladie n’est pas forcément un bon indicateur. Peut être lié à une impossibilité à s’absenter (ex des infirmières en hopitaux). Il faut distinguer les différentes causes d’absentéisme par métier et par poste.
- Taux de turn over : également un indicateur difficile à manipuler, indicateur peu fiable (taux moyen 8%)
- Conflits collectifs : exemple des grèves, des revendications permanentes, des plaintes collectives.
Les six dimensions de risque à caractère psycho social
- Les exigences du travail
Ce qu’une tache exige d’un salarié. Charge de travail.
Possible d’être dans une surcharge de travail, de pression temporelle (manque de temps, rythme inadapté, interruption incessante), de complexité du travail (penser à trop de chose à la fois, réaliser des taches complexes) provoque des difficultés de conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle.
- La charge émotionnelle
Gérer la charge par une mobilisation de la subjectivité : conserver de l’empathie, maîtriser ses émotions, gérer des situations de conflit, maîtriser ses peurs.
Travail émotionnel a un coût pour la santé. Situation d’épuisement émotionnel, difficulté à être disponible pour ses proches après le travail. Cas de facticité des émotions, corrélation possible entre la répression des émotions et l’augmentation des TMS ou d’autres pathologies.
- L’autonomie ou les marges de manœuvre
Théoriquement, la prise d’autonomie et l’utilisation de ses compétences est source de réduction des risques. L’important est de conserver au professionnel une autonomie procédurale. Important également que les prescriptions soient suffisantes pour préciser à la personne ce qu’elle doit réaliser. De même, l’organisation du temps de travail doit rester de la responsabilité de la hiérarchie sinon, la charge d’autonomie trop importante
Autonomie est aussi quelque chose qui s’organise, qui s’apprend.
- Rapport sociaux, relations au travail.
Encadrement, soutien, écoute sont également des garantis de réduction des risques.
Violence externe (client, patients, usagers) ou interne (collègues) peuvent être évités par des aménagements de locaux ou des organisations.
Reconnaissance et sentiment d’utilité : professionnel attend quelque chose d’autre que le salaire. Passe par des paroles, des petits gestes, qui reconnaît leur contribution à la bonne marche de l’institution. Manque de reconnaissance, facteur aggravant des pathologies du travail
Recevoir des injonctions contradictoires : Génère un positionnement délicat du professionnel, renvoi à une incohérence ou une méconnaissance des procédures d’injonction et de la communication.
- Conflits de valeur
Action demandée en opposition avec les normes professionnelles sociales ou subjectives. Ne pas avoir les moyens d’effectuer un travail de qualité, ne pas pouvoir intervenir dans les « règles de l’art ». Exemple d’un réparateur à qui l’on demande de ne plus réparer mais de placer de nouveaux produits. On parle « d’impératifs dissonants » qui peuvent conduire à des stratégies défensives (hyperactivité, cynisme).
Ces conflits provoquent des souffrances ou détresses, effets négatifs sur l’ambiance de travail.
- Insécurité de l’emploi et de la carrière.
Pas de perspectives de carrière, de changement possible. Horizon est fermé.
Perception d’une menace sur l’emploi provoque des problèmes parfois équivalents que la perte d’emploi.
Problème de la soutenabilité du travail : se sentir capable de faire le même travail jusqu’à la retraite. Important de permettre des évolutions de carrière, des changements de poste, etc.
Expériences : quelques exemples de situations
Difficulté d’adaptation au changement :
Activité associative liée à des projets renouvelés tous les 4 ou 5 ans. Génère des inquiétudes quand renouvellement des contrats. Beaucoup de modification dans lesquels l’employeur n’a pas de prises. Intérêt dans ces cas de mettre l’accent et de rassurer dans les domaines ou l’employeur conserve une prise.
Quand il existe des difficultés à s’adapter à des changements importants, il faut d’abord repérer ce qui génère la difficulté. Ne pas s’arrêter à simplement « ils ne veulent pas changer, ils résistent au changement », etc.
Conseil : Il est important de relever les raisons qui provoquent la difficulté. Pourquoi le changement est difficile ?
Accompagnement des charges émotionnelles :
Beaucoup de discussions dans un service mais sans que cela n’ amène des modifications. Utilisation de l’entretien annuel pour réduire les risques psychosociaux. Lors de ces entretiens, peu de demandes de changement de poste. En insistant, l’institution a proposé des formations et l’utilisation de dispositifs de formation. Ces entretiens annuel ont provoqué des retours sur l’attention porté par la direction envers les professionnels.
Conseil : Importance que les réunions soient formalisées et donne lieu à des décisions et des comptes rendus.
Situation de Burn Out
Cas d’un agent d’accueil qui multiplie les taches. Est interrompu de manière permanente
Solutions : réduire les temps possibles d’interruption en fermant le bureau à certains horaires.
Provoque un conflit avec la mission d’agent d’accueil qui doit répondre tout le temps alors qu’il lui est demandé de réduire ces temps disponibles.
Conseil : Prévoir des plages de tache administratives, de rédaction des courriers, de traitement des demandes, d’accueil des personnes, etc.
Souffrance liée à la prise en charge d’un usager
Un usager par son attitude et sa violence met en difficulté une équipe. L’institution prend en charge une partie de l’accueil, écoute, renforce l’équipe, met en place une commission sur les risques psychosociaux. Depuis que la personne qui posait problème est partie, l’équipe reste sur cette situation. Projet de faire intervenir un psychologue extérieur pour faire digérer la situation.
Mutation d’une association suite à des problèmes financiers.
Angoisses sur le maintien des emplois. Génère des phénomènes de violence d’un professionnel envers des usagers d’un foyer social. Ce professionnel avait été muté sur un poste suite à des restructurations en interne lié aux problèmes financiers. Ne s’était pas adapté à la nouvelle équipe, tensions environnementales. Direction a évité le licenciement et est revenu sur la chaine de décision qui a produit l’acte violent. Situation n’a pas pu être pleinement réglée, le professionnel a repris son poste à l’identique. L’institution reste sous la menace de la reproduction d’un acte de violence. Génère également des comportements chez les adolescents du foyer.
Conseil : Important de traiter cette situation comme un accident du travail. Utiliser la méthode de l’arbre des causes. Définir tous les déterminants qui vont avoir joué un rôle dans l’événement et repérer ceux sur lesquels ont peu agir pour éviter une reproduction de la situation ou simplement pour comprendre la situation.
Autonomie du salarié :
Institution dans laquelle il existe une indistinction des fiches de postes selon les formations : amp, me, es, mêmes taches. Seul référent des familles était le directeur. Une réflexion est menée sur la notion de référence, sur les formes que peuvent prendre les rencontres avec les familles. L’association organise un colloque sur le thème du travail avec les familles. Sentiment pour le directeur que les professionnels se concentrent sur ce qu’ils ont le droit de faire et oublient de regarder ce qu’ils peuvent faire.
Conseil : Important de repérer la marge de manœuvre et les injonctions qui guident l’autonomie. Cela montre aussi un intérêt porté aux professionnels quand on organise leur activité.
Entreprise qui augmente les demandes de vente de contrat
Provoque des plaintes, des turn over, des managers qui ne stabilisent pas. Crée des conflits de valeur car management se durcit.
Conclusion :
Un exemple de conjonction de facteurs pathogène : Le modèle de Karazek
Ce modèle met l’accent sur les facteurs de stress inhérents à l’organisation du travail et non sur les caractéristiques individuelles des salariés.
Il y a stress lorsque le professionnel se trouve confronté à des contraintes imposées par l’environnement et dont il s’estime incapable de surmonter avec les ressources dont il dispose.
Les effets du travail sur la santé dépendent essentiellement de 2 facteurs :
Les exigences de travail lui même : charge, complexité, contraintes.
Le degré d’autonomie du salarié : capacité à choisir ses modes opératoires et à peser sur les décisions, marge de manœuvre, degré de dépendance vis à vis des collègues.
Il y a généralement situation de stress au travail lorsque le professionnel est soumis à des exigences importantes avec un faible niveau d’autonomie
Frédéric Lagneau